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TONY GARNIER, RETOUR AUX SOURCES - 9

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IX. Le stade et la piscine dans « l’œil du cyclone »

Tony Garnier a projeté dans le futur quartier de Gerland un ensemble sportif conséquent avec non seulement un stade athlétique, mais aussi une piscine, et tout un quartier destiné aux athlètes et aux cyclistes. Inachevé jusqu’en 1929 et même 1934 pour l’achèvement de la piscine, l’ensemble est pourtant fonctionnel quand le stade est inauguré en 1926. Le critique Léon Rosenthal est sous le charme : « Il s’agit bien d’une œuvre d’art, et de la tenue de la qualité la plus rare. » Pierre de Coubertin, en visite à Lyon, loue la modernité du stade. Mais les Jeux olympiques ne seront jamais attribués à la ville. Rosenthal conclut son article, lyrique : « Le stade de Tony Garnier a subi l’épreuve. Les foules s’y déploient (…). Avec leur agitation bigarrée, il essayerait vainement de lutter ; il leur oppose la sérénité de ses parois dont le gris rugueux se dore au soleil, et, parmi le tumulte, il maintient le rythme et l’ordre. »

 

Cette « sérénité » sera sérieusement perturbée, malgré l’inscription du stade et de ses abords aux monuments historiques en 1967, par trois séquences de transformation lourde : agrandissement en 1984 par René Gagès et Michel Relave, pour le championnat d’Europe de football ; nouvel agrandissement et réalisation de tribunes couvertes en 1996-1998 par Albert Constantin, pour la Coupe du monde de football ; et enfin en 2017, pour conformer le stade aux attentes du LOU Rugby, après le départ de l’Olympique lyonnais à Décines et l’attribution du site municipal à un promoteur privé. Quant à la piscine, malgré un recours amiable auprès du maire de Lyon contre le permis de construire, elle sera démolie en 2023. Il n’en demeure que l’ancien plongeoir (désormais inutilisable) et des gradins reconstruits dans le cadre d’un projet à caractère semi privatif. Cette série de mutations irrémédiables a permis de nouvelles pratiques sportives, mais effacé la trace d’une architecture placée, comme le souhaitait Garnier, « entre l’œuvre humaine et la nature », prise dans l’œil du cyclone de la modernisation…

 

Le bassin, les gradins et le grand plongeoir de la piscine municipale de la Mouche, au début des années 1930. Source : AML

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