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TONY GARNIER, RETOUR AUX SOURCES - 11

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XI. Un « musée urbain » pour redynamiser la cité

Au cours des années 1980, le programme et les habitants de la Cité des États-Unis ont vieilli. L’Office public d’HLM de la Communauté urbaine de Lyon, désormais propriétaire, envisage de démolir en tout ou partie la cité. Les habitants se mobilisent et contraignent élus et bailleur social à envisager une réhabilitation du quartier. Pour accroître son attractivité et la pression sur les décideurs, ils demandent à un groupe d’artistes de l’agglomération lyonnaise, la Cité de la Création, de projeter un ensemble de vingt-cinq peintures murales reprenant une interprétation des intentions urbaines et sociales de Tony Garnier. L’arrivée au pouvoir d’une nouvelle équipe municipale dirigée par Michel Noir, en 1989, permet d’engager cette intervention artistique, menée avec succès avec l’appui du comité des locataires, qui bénéficie du prix de la Décennie du développement culturel décerné par l’Unesco en 1991. Elle s’accompagne de la création d’un « musée urbain » sous forme associative, qui est chargé de l’« héritage » de la cité, de la protection des peintures murales et de la médiation avec le quartier.

Plusieurs étapes de réhabilitation, menées par des équipes de maîtrise d’œuvre différentes pendant une dizaine d’années, ont néanmoins contribué à dénaturer le projet de Tony Garnier par l’ajout de cages d’ascenseur, la fermeture des loggias et des modifications plus ou moins habiles d’huisseries et de garde-corps. Les espaces publics sont pour leur part rénovés à la fin des années 1990. Le manque de cohérence de ces interventions pousse à la mise en place, au cours des années 2000, d’une Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager, mais la démarche n’aboutit pas. La logique portée par Grand Lyon Habitat, bailleur social successeur de l’Office public d’HLM de la communauté urbaine de Lyon, consiste à promouvoir des travaux en accompagnement d’une nouvelle isolation par l’extérieur des bâtiments à des fins de performance énergétique et thermique. Trois appartements-témoins ont été réaménagés dans ce sens pour faciliter la concertation avec les locataires. Mais le coût élevé du parti pris et du matériau isolant choisi fait douter du fait que cette opération pourra être financée et menée à son terme sur l’ensemble de la cité. Une demande d’inscription de la « première cité », livrée en 1926, déposée par l’association La Ville édifiante, a cependant permis l’inscription de ces premiers pavillons « prototypes » aux Monuments historiques en octobre 2023. Mais la majorité des bâtiments ne bénéficie d’aucune protection, si ce n’est le label « Architecture contemporaine remarquable » (qui a succédé au label Patrimoine du XXe siècle) qui n’est pas prescriptif. Un « oubli » dommageable, pour le moins.

 

A la lisière de la « première cité » et du quartier achevé, le musée urbain. Photo DR.

 

Conception et rédaction des récits par l'Institut Tony Garnier.

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